Une étude très importante est actuellement menée par la France, sous le nom de SURVOL : il s'agit de la contraction des
mots SUrveillance sanitaiRe et enVironnementale des plates-formes
aéroportuaires de rOissy ,orLy et du bourget.
Cette étude, initiée principalement par la préfecture de la région Ile de France, vise à étudier l’impact sanitaire et environnemental du trafic aérien autour des zones aéroportuaires et à en informer les populations riveraines ; elle est prévue sur quatre années à partir de 2008.
Les partenaires sont des acteurs techniques (AIRPARIF, BRUIPARIF), la DGAC, un comité scientifique, un comité de pilotage, etc .
Les associations représentatives telles qu’AVEVY participent à des comités de proximité destinés à assurer le suivi de cette étude.
Cela se traduit principalement par la fourniture de données régulières sur :
- la qualité de l’air (en établissant la contribution du trafic aérien)
- des cartographies de la concentration des polluants retenus (dioxyde d’azote NO2 et particules de diamètre inférieures à 10 micromètres)
- les niveaux de bruit ;
- une cartographie multi-exposition (bruit routier, ferroviaire, aérien) qui est en cours de finalisation par AIRPARIF
Ceci doit permettre de dénombrer et caractériser les populations exposées par le biais d’indicateurs de bruit pertinents (Lden, NA,…).
Le bruit :
1. Dès 2001, l'Organisation Mondiale de la Santé réunissait un groupe d'experts pour faire la synthèse de la relation entre bruit aérien et effets délétères sur la santé. Leur recommandation première était d'inscrire cette préoccupation très haut dans l'agenda des instances politiques :
Policies
Political commitment (1):
Considering the importance that could be attributable to aircraft noise on health, the experts were of the opinion that this issue should be higher on the political agenda, possibly through a ministerial declaration.
Déjà à l'époque, il était amplement et objectivement documenté que le bruit des avions :
perturbe le sommeil (sous plusieurs formes) avec toutes les conséquences possibles (somnifères, anti-dépresseurs, etc.)
affecte la performance scolaire
augmente les risques de perte progressive de l'ouie
aggrave les affections cardiaques
contrariété et désagrément affectent la réponse cognitive
2. Une revue (2009) germano-hollandaise de la litterature scientifique indique l'acroissement du risque d'hypertension associée au bruit généré par les avions.
3. Une étude européenne de 2006 (projet RANCH 2001 - 2003) montre, chez 2.000 enfants scolarisés près de Schipol (Hollande), Heathrow (Royaume-Uni) et Madrid Barajas (Espagne), que le bruit des avions affecte leur compréhension de la lecture. Le bruit associé au trafic routier ne montre pas cette relation.
4. Une étude allemande publiée en 2009 analyse les réactions de 2.312 riverains de l'aéroport de Francfort. En très résumé, les personnes ressentant un effet négatif du bruit des avions sur leur santé sont en réalité les personnes les plus sensibles au bruit ("bruit ressenti") … cela semble évident. Mais cette étude va plus loin en montrant que le bruit affecte en réalité l'état psychologique, qui lui entraîne des conséquences physiologiques (fatigue, maux d'estomac, douleurs aux membres et au cœur, hypertension, angine de poitrine, insomnies, consommation de médicaments, etc.) que la seule perturbation sonore ne peut expliquer.
5. La seule revue scientifique "Noise & Health" (Bruit et Santé) a publié un total de 133 articles sur l'impact des nuisances sonores aériennes sur la santé !
6. Pour les très fervents du sujet : Document
Revue 2009 de l'OMS (162 pages en anglais) sur ses recommandations concernant le bruit nocturne en Europe.
Un résumé peut être trouvé ici : Résumé
7. Enfin, la base de données médicales PubMed mentionne 226 articles sur le sujet
La pollution atmosphérique : quelques chiffres
- L’efficacité énergétique du transport aérien s’est améliorée de 33 % en 14 ans.
- Les procédures d’approche « sur mesure » permettraient d’économiser entre 200 kg et 400 kg de carburant par vol.
- Les polluants réglementés principaux sont le SO2, les NO et NO2, le CO, le benzène, l'ozone, etc.
- L'étude du rejet d’oxydes d’azote (NOx) lors de chaque phase du cycle atterrissage-décollage (LTO) met en évidence la répartition suivante : 50% des NOx sont émis lors de la montée, 25% lors du décollage, 12,5% lors de l’approche et lors des phases de roulage, respectivement.
- En 2006, la contribution du secteur aérien se stabilise à 4,8 millions de tonnes d’équivalent C02, soit 3,4 % des émissions du transport intérieur. Par souci d'objectivité, mentionnons tout de même qu'en 50 ans, la consommation de carburant ainsi que les émissions de gaz carbonique qui y sont directement liées, ont été réduites d’environ 70 %, en passant d’une moyenne, de 10 à 12 litres aux cent kilomètres par passager pour un avion de type Douglas DC8, à moins de 3 litres aujourd’hui pour un avion comme l’A380.
- Un vol Marrakech - Paris (2.200 km) en B737-800 (un avion moderne) nécessite 8.800 litres de kérosène soit 400 litres aux 100 kilomètres … (annoncé par un pilote en cours de vol !).
Les polluants, leurs sources et leurs effets :
Polluant
|
Phase maximale de production
|
Effets
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Oxyde d’Azote (NOx) |
Plein régime moteur, décollage |
Pénétration jusque dans les bronchioles: irritation, augmentation de la sensibilité aux infections microbiennes, aggravation des crises d’asthme. |
Hydrocarbures non brûlés |
Faible régime moteur : roulage ou approche |
Effet cancérigène |
Suies et particules en suspension |
Plein régime moteur, décollage |
Pénétration durable dans les voies respiratoires profondes, irritation, altération de la fonction respiratoire et risque accru de crise d’asthme à court terme; risque de bronchite chronique et de cancer pulmonaire à long terme |
Oxydes de carbone (CO et CO2) |
Faible régime moteur : roulage ou approche |
Effet de serre et réchauffement climatique |
Vapeur d’eau |
Emise à haute altitude |
Effet de serre |
La toxicité totale des combinaisons de ces polluants est supérieure à la somme de leurs effets (synergie). Enfin, la base de données médicales PubMed mentionne 155 articles sur la relation entre kérosène et santé.
Les avancées : adoption de l’ETS (Emission Trading System, système des quotas)
Après deux ans de débats, la directive prévoyant l’inclusion de l’aviation dans le système d’échange de quotas d’émission de CO2 a été adoptée par le Parlement européen et par le Conseil européen en 2008. ETS est un mécanisme de "Cap and Trade" qui consiste à fixer un plafond global (Cap) d’émissions pour l’aviation et à permettre l’échange des droits à contribuer aux émissions à l’intérieur de ce plafond (Trade). Le système s’appliquera dès 2012 pour tous les vols au départ et à destination de la Communauté européenne. Le plafond est calculé à partir des émissions historiques du secteur (moyenne 2004-2006). Pour 2012, le plafond sera de 97 % de ce total et de 95 % à partir de 2013. Les compagnies devront rendre chaque année des quotas correspondants au CO2 émis dans l’année. Elles se les procureront soit par une distribution gratuite aux opérateurs existants, soit par achat aux enchères, soit encore en les achetant à un opérateur d’un autre secteur industriel. L’intégration de l’aviation dans le système européen d’échange de quotas d’émission (ETS) permettra de réduire les émissions de CO2 de 183 millions de tonnes en 2020. (Source : DGAC)